DRH de starts-up : à vos agendas !
13 octobre 2022
Chaque année, starts-up et salariés se retrouvent lors de rendez-vous incontournables pour évoquer la relation de travail – ou en réalité «l’aventure» start-up – qui les lie.
Forfait annuel en jours, formation professionnelle, performances de l’année écoulée, télétravail ou encore rupture du contrat de travail, nombreux sont les sujets pouvant – voire devant – être abordés avec le salarié.
Une mise au point s’impose.
Les entretiens immanquables
Avant de lancer la campagne des entretiens, le premier réflexe doit être de cibler les entretiens incontournables et prendre connaissance des dispositions les encadrant.
Plusieurs exigences peuvent en effet être requises par les textes comme un délai pour convier le salarié, un entretien en présentiel, une liste de thèmes à aborder impérativement ou encore, l’obligation d’établir un compte rendu écrit au terme de l’échange. Focus sur ces entretiens immanquables.
L’entretien professionnel
Tous les 2 ans, l’employeur a l’obligation de convier le salarié à un entretien professionnel portant sur ses perspectives d’évolution professionnelle, notamment en termes de qualifications et d’emploi, ainsi que sur les actions à mettre en œuvre pour maintenir son employabilité.
Cet entretien est obligatoire pour tous les salariés de l’entreprise (CDI, CDD, temps partiel, etc.). Il est également incontournable à l’occasion de certains évènements et notamment lors du retour d’un congé maternité, parental, d’adoption, sabbatique ou encore après un arrêt de travail pour longue maladie.
Tous les 6 ans, l’entretien se double d’un état des lieux récapitulatif du parcours professionnel du salarié donnant lieu à un document écrit remis au salarié.
Faute de tenir ces entretiens dans les conditions et délais requis, la start-up s’expose au risque de devoir abonder le compte personnel de formation de chaque salarié concerné à hauteur de 3.000 euros.
Etant précisé en dernier lieu, que l’entretien professionnel est à distinguer de l’entretien annuel d’évaluation dont peut bénéficier le salarié ; si ces deux entretiens peuvent avoir lieu le même jour, la start-up devra veiller à les différencier sur tous les documents remis au salarié (courrier d’invitation, comptes rendus, etc.).
L’entretien dédié au forfait jours
Lorsque le salarié est soumis à un forfait annuel en jours, l’employeur a l’obligation d’organiser chaque année un (voire plusieurs) entretien(s) dédiés au dispositif.
Cet entretien doit notamment porter sur la charge de travail du salarié, l’organisation du travail dans l’entreprise, l’articulation entre son activité professionnelle et sa vie personnelle et familiale ainsi que sur sa rémunération.
Les starts-up sont appelées à être particulièrement vigilantes quant à la tenue effective de cet entretien.
En effet et faute de le tenir, tout salarié concerné peut tenter de considérer que son forfait jours est privé d’effet et réclamer à ce titre le paiement des heures supplémentaires accomplies au-delà de 35 heures (dans la limite de la prescription de 3 ans applicable aux salaires).
Cela suppose toutefois que le salarié initie effectivement un contentieux et qu’il soit en mesure de prouver l’existence de ces heures supplémentaires.
Afin d’éviter de tels rappels de salaires – pouvant parfois atteindre des montants significatifs – les starts-up sont donc invitées à tenir tous les entretiens forfaits jours dans les conditions et délais requis.
L’entretien dédié au télétravail
Autre entretien obligatoire : l’entretien consacré au télétravail qui n’a jamais été autant mobilisé que depuis la crise liée à la COVID-19.
Cet entretien doit notamment porter sur les conditions d’activité du télétravailleur ainsi que sur sa charge de travail. En général, les conditions de mise en œuvre de cet entretien sont encadrées par la charte unilatérale ou l’accord collectif «télétravail» applicable dans l’entreprise.
Sauf dispositions contraires, il doit avoir lieu au moins une fois par an étant précisé que l’employeur peut parfaitement décider d’une périodicité plus importante, notamment en cas de recours au télétravail à 100%.
A l’issue de l’entretien, il est préconisé de remettre au salarié un compte rendu écrit.
L’entretien préalable à un éventuel licenciement
En cas de licenciement, la start-up doit obligatoirement recevoir le salarié en entretien afin de lui exposer les raisons pour lesquelles son licenciement est envisagé. Peu importe le motif invoqué, le salarié doit être convoqué à son entretien au moins 5 jours ouvrables pleins avant la date de l’entretien ; étant rappelé que le jour de remise ou de présentation du courrier de convocation ainsi que le jour de l’entretien ne comptent pas.
Dans certains cas, la convention collective de branche applicable peut prévoir des délais différents voire parfois des étapes supplémentaires (comme par exemple un passage devant une commission disciplinaire) ; la start-up devra donc y prêter une attention toute particulière afin d’éviter une irrégularité de procédure.
Pendant l’entretien, le salarié pourra décider de se faire assister par un salarié de son choix appartenant au personnel de l’entreprise ou, au sein des starts-up dépourvues d’un comité social et économique, par un conseiller du salarié extérieur à l’entreprise.
A défaut de respecter la procédure applicable, la start-up pourra s’exposer à une indemnité pour licenciement irrégulier dont le montant ne peut être supérieur à un mois de salaire (non cumulable avec l’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse). A noter que pour le cas particulier des salariés protégés, toute irrégularité de procédure sera plus lourde de conséquences en ce qu’elle pourra conduire à un refus de licenciement par l’Inspection du travail.
Les entretiens facultatifs mais fortement recommandés
D’autres entretiens sont facultatifs mais vivement recommandés aux services RH des starts-up.
L’entretien d’embauche
Si la tenue d’un entretien d’embauche n’est pas imposée par la loi, il reste pourtant l’outil de recrutement privilégié des services de ressources humaines.
Il permet d’abord de donner au candidat des informations sur le projet start-up mais également sur le poste à pourvoir et ensuite de recueillir des informations sur le candidat : parcours professionnel, motivation etc.
Pendant l’entretien, le recruteur devra veiller à respecter le principe de non-discrimination et à ne pas poser de questions susceptibles de porter atteinte à la vie privée du salarié.
En définitive, les informations demandées au candidat ne peuvent avoir comme finalité que d’apprécier sa capacité à occuper l’emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles et doivent obligatoirement avoir un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé.
En tout état de cause, l’entretien d’embauche est sans aucun doute un outil indispensable pour attirer et recruter les profils les plus adaptés au projet de la start-up.
L’entretien annuel d’évaluation
En pratique, l’entretien annuel d’évaluation est très répandu dans le monde des starts-up en ce qu’il constitue un outil incontournable d’appréciation des compétences – et parfois des insuffisances – des salariés.
Il est ensuite un véritable levier de communication entre le salarié et l’employeur : l’entretien annuel d’évaluation permet en effet au salarié et à son manager de faire un point sur l’avancée du «projet» start-up et notamment d’évoquer les objectifs atteints, ceux qui sont en cours d’atteinte ou encore ceux qui seront fixés pour la période à venir.
Un tel entretien permet enfin de justifier (et documenter) la décision prise par la start-up de valoriser certains profils de salariés à l’exclusion de certains autres, en attribuant par exemple des bons de souscription de parts de créateurs d’entreprise (BSPCE) ou au contraire, de se séparer des salariés faisant preuve d’insuffisance professionnelle dans l’accomplissement de leurs fonctions.
Pour l’ensemble de ces raisons, les starts-up ont intérêt à tenir au moins un entretien de performance par an.
Les grands rendez-vous des salariés sont donc nombreux. DRH de starts-up : à vos agendas !
A LIRE EGALEMENT
A lire également
Licenciement pour motif économique : ce que change la loi Travail... 20 septembre 2016 | CMS FL
Une fiscalité française favorable à l’écosystème start-up... 30 mai 2017 | CMS FL
Licenciement d’un salarié protégé dont la protection va expirer : la pruden... 21 novembre 2019 | CMS FL Social
Licenciement économique collectif : précisions sur l’indemnisation de l’an... 1 avril 2022 | Pascaline Neymond
Honoraires de l’expert du CSE : en cas d’abus, il ne faut pas hésiter à le... 14 février 2019 | CMS FL
Le compte rendu d’un entretien d’évaluation peut constituer une sanction di... 22 février 2022 | Pascaline Neymond
Avis de gros temps pour les plates-formes électroniques utilisant des travaille... 25 janvier 2017 | CMS FL
Côte d’Ivoire : Quels atouts fiscaux pour les start-up ?... 26 juin 2018 | CMS FL
Articles récents
- L’action en nullité d’un accord collectif est ouverte au CSE
- Complémentaire santé : vigilance sur la rédaction des dispenses d’adhésion
- Précisions récentes sur la portée de l’obligation de sécurité de l’employeur dans un contexte de harcèlement
- La jurisprudence pragmatique du Conseil d’Etat en matière de PSE unilatéral : Délimitation du périmètre du groupe (Partie I)
- Détachement, expatriation, pluriactivité : quelques nouveautés en matière de mobilité internationale
- Avenant de révision-extinction d’un accord collectif : « Ce que les parties ont fait, elles peuvent le défaire »
- Dialogue social et environnement : la prise en compte des enjeux environnementaux à l’occasion des négociations collectives d’entreprise
- L’accès de l’expert-comptable du CSE aux informations individuelles relatives aux salariés lors de la consultation sur la politique sociale de l’entreprise
- Conférence : Sécuriser vos pratiques pour limiter les risques juridiques dans l’entreprise (risque pénal, congés payés, RPS)
- Le recours à un client mystère : une méthode de contrôle loyale à condition d’être transparente