Indemnité inflation : critères et modalités de versement de l’aide exceptionnelle de l’Etat
7 décembre 2021
En réponse à l’inflation record du dernier trimestre de l’année 2021, le Gouvernement a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle de 100 euros en guise de « coup de pouce » pour les personnes les plus vulnérables face à la hausse du coût de la vie, qu’elles pourront utiliser librement.
Cette aide appelée « indemnité inflation » est prévue par l’article 13 de la loi n° 2021-1549 de finances rectificative du 1er décembre 2021. Un questions-réponses publié au Bulletin Officiel de la Sécurité Sociale (BOSS) le 2 décembre 2021 ajoute de nombreuses précisions sur la mise en œuvre de ce dispositif. Un décret d’application, très attendu, doit paraitre prochainement.
Focus sur les conditions et modalités de versement de cette indemnité telles qu’elles sont connues à ce jour.
L’indemnité inflation : qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une aide exceptionnelle versée en une seule fois, d’un montant forfaitaire de 100 euros qui ne peut être modulé. Elle ne requiert l’accomplissement par les entreprises d’aucune formalité pour être mise en place (ce qui la distingue par exemple de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat).
L’indemnité inflation n’est soumise ni à l’impôt sur le revenu, ni aux contributions et cotisations sociales. Son montant est également exclu du calcul des revenus et ressources ouvrant droit aux allocations sociales. Cette indemnité est à la charge de l’Etat et ne peut être saisie par aucune autorité.
L’indemnité inflation : pour quels travailleurs ?
L’indemnité inflation bénéficie aux salariés, agents publics en activité ou en détachement, apprentis, alternants, stagiaires percevant une rémunération supérieure à la gratification minimale, mandataires sociaux percevant une rémunération d’activité, titulaires d’un contrat d’engagement en ESAT, vendeurs colporteurs de presse titulaires d’un contrat de mandat, vendeurs à domicile indépendants non inscrit au R.C.S et travailleurs à domicile, âgés d’au moins 16 ans à la date du 31 octobre 2021.
Seule la situation des salariés (à l’exclusion de certaines formes d’emplois spécifiques) est ici envisagée.
Sont concernés les salariés qui résident régulièrement en France, incluant le territoire métropolitain, les départements et collectivités d’outre-mer de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, la Réunion, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Ce critère est rempli dès lors que le travailleur s’est vu appliquer le prélèvement à la source ou de la CSG sur des revenus d’activité pour le mois d’octobre 2021, quelle que soit sa durée d’emploi sur le mois. Ainsi, un salarié ayant exécuté un contrat de travail du 20 au 27 octobre 2021 est éligible à l’indemnité alors qu’un salarié ayant exécuté un contrat de travail du 1er janvier au 30 septembre 2021 ne l’est pas.
La présence effective du salarié au cours du mois d’octobre 2021 est indifférente. Il peut avoir été en congés payés ou en arrêt maladie par exemple. La seule exception concerne les salariés en congé parental d’éducation à temps complet qui ne percevront pas cette indemnité de leur employeur mais de la caisse d’allocations familiales.
Au-delà de ces conditions, le versement de l’indemnité inflation n’est soumis à aucune condition de présence ou d’ancienneté.
En revanche, l’indemnité inflation est uniquement versée aux salariés percevant une rémunération inférieure à 2000 euros nets. Pour apprécier ce plafond, l’employeur doit comparer la rémunération brute – définie à l’article L. 242-1 du code de la sécurité sociale – due au salarié de janvier à octobre 2021 à un plafond de 26 000 euros bruts (avant déduction des abattements forfaitaires pour frais professionnels le cas échéant).
Les heures supplémentaires sont incluses dans cette rémunération, mais non les revenus de remplacement (indemnités journalières de sécurité sociale, indemnités d’activité partielle sauf pour leur fraction soumise à cotisations sociales, etc.).
Pour les salariés n’ayant pas travaillé sur toute la période allant du 1er janvier au 31 octobre 2021, le plafond de 26 000 euros bruts est proratisé en fonction du nombre de jours où la relation de travail a existé par rapport au nombre de jours de cette période. Le projet de décret, publié sur le site de la Direction de la Sécurité Sociale, précise que le résultat de cette proratisation ne saurait être inférieur à 2 600 euros bruts. Ce prorata ne s’applique pas pour les salariés à temps partiel ayant travaillé sur toute la période.
L’indemnité inflation : comment est-elle versée ?
L’indemnité inflation est versée en une seule fois par les personnes débitrices des revenus d’activité. Il s’agit de l’employeur. Pour les intérimaires, ce versement est donc effectué par l’entreprise de travail temporaire.
Ce versement doit apparaitre sur une ligne distincte du bulletin de paie comme « Indemnité Inflation – Aide exceptionnelle de l’Etat » ou « Indemnité Inflation ».
Le projet de décret précise que le bénéficiaire multi-employeurs perçoit l’aide de :
-
- S’il est toujours employé par au moins l’un d’entre eux : l’employeur qui l’emploie toujours à la date du versement ou, s’il est toujours employé par plusieurs employeurs, celui avec lequel la relation de travail a débuté en premier ;
-
- S’il n’est plus employé par au moins l’un d’entre eux : l’employeur avec qui il a eu, au cours du mois d’octobre 2021, le contrat de travail le plus long ou, en cas de durées identiques, celui avec qui la relation de travail a pris fin en dernier.
Lorsqu’un salarié exerce par ailleurs une activité indépendante, l’aide doit être versée par son organisme de recouvrement (URSSAF ou MSA principalement), non par l’employeur.
Par ailleurs, les personnes qui ont travaillé par le biais de CDD de moins de 20 heures ou 3 jours au cours du mois d’octobre 2021 bénéficient de l’indemnité sous réserve de la solliciter explicitement auprès de leur employeur.
L’indemnité inflation : à quelle date est-elle versée ?
La loi de finances rectificative du 1er décembre 2021 promulguée est silencieuse sur la date de versement de l’indemnité inflation.
Le questions-réponses du BOSS précise que l’indemnité inflation doit être versée en décembre 2021, sauf impossibilité pratique.
Pour les entreprises qui pratiquent la paie décalée, l’indemnité peut soit être versée en décembre 2021 au titre de la paie de novembre 2021, soit en janvier 2022 au titre de la paie de décembre 2021.
En toute hypothèse, elle doit être versée le 28 février 2022 au plus tard. Cela signifie, en cas de paie décalée, que le versement doit intervenir avec la paie de janvier 2022 versée en février 2022.
Le projet de décret, conditionnant la mise en œuvre effective du dispositif, confirme ce calendrier. Il précise que les bénéficiaires qui n’auraient pas perçu l’indemnité à cette date peuvent en demander le versement à leur employeur qui, après vérification de leur éligibilité, devra s’exécuter dans un délai de trente jours à compter de la demande.
Ce projet de décret devrait paraitre rapidement, rendant le dispositif pleinement applicable.
L’indemnité inflation : qui en supporte le coût ?
L’indemnité inflation reste à la charge de l’Etat : les employeurs seront intégralement remboursés. Le remboursement intervient par déduction des sommes versées sur les cotisations et contributions sociales dues dès l’échéance de paiement suivante. Si le montant déductible est supérieur aux charges sociales dues, le surplus peut être imputé sur les prochaines échéances ou directement remboursé.
Selon le questions-réponses du BOSS, l’indemnité doit être déclarée dans la Déclaration Sociale Nominative (DSN) du mois qui suit son versement.
Le projet de décret précise que l’employeur ne peut être tenu responsable d’avoir versé l’aide à un salarié qui ne remplirait pas les conditions requises ou qui y serait également éligible à un autre titre lorsqu’il ne l’a pas informé de sa situation.
A lire également
Loi Sapin II : l’entrée en scène de l’Agence française anticorruption... 13 mars 2018 | CMS FL
Refonte des contributions d’assurance chômage : les sanctions du recours aux ... 17 janvier 2020 | CMS FL Social
Actualité jurisprudentielle en matière d’inaptitude : reflet d’un évènem... 6 avril 2023 | Pascaline Neymond
Vote électronique pour vos élections professionnelles : soyez prêts !... 31 mai 2022 | Pascaline Neymond
Covid-19 et cotisations sociales : quelles aides pour les employeurs des secteur... 27 octobre 2020 | CMS FL Social
Pas d’indemnisation sans préjudice établi... 8 juin 2016 | CMS FL
Indemnité inflation : Le décret est publié... 12 décembre 2021 | Pascaline Neymond
L’URSSAF à l’assaut du travail dissimulé... 9 novembre 2015 | CMS FL
Articles récents
- L’action en nullité d’un accord collectif est ouverte au CSE
- Complémentaire santé : vigilance sur la rédaction des dispenses d’adhésion
- Précisions récentes sur la portée de l’obligation de sécurité de l’employeur dans un contexte de harcèlement
- La jurisprudence pragmatique du Conseil d’Etat en matière de PSE unilatéral : Délimitation du périmètre du groupe (Partie I)
- Détachement, expatriation, pluriactivité : quelques nouveautés en matière de mobilité internationale
- Avenant de révision-extinction d’un accord collectif : « Ce que les parties ont fait, elles peuvent le défaire »
- Dialogue social et environnement : la prise en compte des enjeux environnementaux à l’occasion des négociations collectives d’entreprise
- L’accès de l’expert-comptable du CSE aux informations individuelles relatives aux salariés lors de la consultation sur la politique sociale de l’entreprise
- Conférence : Sécuriser vos pratiques pour limiter les risques juridiques dans l’entreprise (risque pénal, congés payés, RPS)
- Le recours à un client mystère : une méthode de contrôle loyale à condition d’être transparente